Arthur Grosvenor Daniells a été élu président de la Conférence Générale en 1901, une session importante de la Conférence Générale, car la structure de l’église a été complètement réorganisée. La restructuration était en fait essentiellement une idée d’Arthur Daniells, sa nomination semblait donc être un choix naturel. Près de 10 ans plus tard, en 1910, Arthur Daniells s’est retrouvé président d’une église beaucoup plus grande.

Lorsque Arthur Daniells a été élu, le nombre de membres était de 78000. Sous sa présidence l’église a connu un taux de croissance de 25 pourcents. Mais la croissance ne se situait pas uniquement au niveau de l’effectif de membres. Davantage de fédérations et d’unions de fédérations ont été établies, conduisant à une plus grande bureaucratie. Les institutions de l’église ont également connu une croissance, avec 28 maisons d’édition, 74 sanatoriums et 680 écoles. Tout pourrait sembler aller bien, mais, en fait, 1910 s’est avéré être l’une des années les plus difficiles pour Arthur Daniells.

Pour placer les choses dans leur contexte, il faut d’abord remonter quelques années en arrière. En 1907, W. W. Prescott, vice-président de la Conférence Générale et rédacteur en chef du magazine Review, a introduit une « nouvelle » théologie concernant le terme « perpétuel » dans Daniel 8. Cela a ouvert des débats et des sessions d’étude, et a finalement conduit au ralliement à un camp ou à un autre. Arthur Daniells, bien que prudent, considérait que le point de vue de W. Prescott était valable.

En 1909, le moment était venu d’avoir une autre session de la Conférence Générale. On a commencé à entendre dans l’église des plaintes au sujet du leadership d’Arthur Daniells. Ellen White, qui était présente à cette session, a entendu plusieurs personnes exprimer leurs opinions à la fois sur la doctrine et sur le président. Bien que la question ne soit pas à l’ordre du jour, un nuage théologique pesait sur les rencontres.

Au cours des cinq années précédentes, Ellen White avait envoyé à Arthur Daniells des messages répétés sur l’évangélisation dans les villes. Alors qu’il s’occupait des questions administratives, y compris de ce débat théologique en cours, elle, à son tour, insistait pour que l’accent soit mis sur l’évangélisation dans les grandes villes.

Lors de la session de la Conférence Générale en 1909, elle a surpris les dirigeants en déclarant que W. W. Prescott devrait être relevé de ses fonctions de rédacteur de la Review et envoyé à New York City comme évangéliste. Pensant qu’ils ne l’avaient pas bien comprise, ils l’ont interrogée à plusieurs reprises sur une période de plusieurs mois. Elle est restée ferme sur sa position. En 1910, W. Prescott était à New York, mais mécontent au sujet de son affectation.

A. G. Daniells, en revanche, faisait tout ce qu’il pouvait pour prendre ses demandes au sérieux. Les dirigeants ont alloué 11000 dollars spécialement pour l’évangélisation dans les villes. Ils avaient envoyé W. Prescott à New York. Arthur Daniells a planifié une rencontre de cinq jours consacrée à la discussion du sujet. Quels que soient les progrès qu’il pensait avoir réalisés, cela ne faisait aucune différence ; Ellen White continuait d’insister sur la nécessité d’entreprendre des plans plus vastes. Son fils, W. C. White a écrit : « La préoccupation de ma mère pour les villes continue. Nuit après nuit s’impose à son esprit un fait : nous ne faisons pas ce que nous devrions faire. » 1

Davantage de temps s’est écoulé et Ellen White a continué d’exprimer son insatisfaction. « Que pouvons-nous faire ? Que pouvons-nous faire pour persuader nos frères d’aller dans les villes et de d’adresser un message d’avertissement maintenant, maintenant même ! »right now!»2

Alors qu’il se trouvait en Californie pour des rencontres en mai, Arthur Daniells s’est rendu au domicile d’Ellen White à Elmshaven, dans l’espoir de la surprendre en partageant avec elle la nouvelle de ses plans pour l’évangélisation dans les villes. Mais à son arrivée, il a été arrêté à la porte. La prophétesse a refusé de le voir, lui faisant parvenir à la place un message : quand lui, le président de la Conférence Générale, serait prêt à accomplir le travail qui devait être fait, elle lui parlerait. Repoussé, Arthur Daniells a pris un train pour rentrer chez lui.

Sentant l’aiguillon du rejet, Arthur Daniells était confus. N’avait-il pas fait ce qu’il avait pu ? L’argent, les comités, l’envoi du rédacteur en chef de la Review sur le terrain ? Que pourrait-on faire de plus ? Que voulait-elle dire ? La réponse est venue dans un paquet de lettres à la fin du mois de juin. Ellen White avait perdu confiance en lui. De toute évidence, il fallait d’un discours plus clair, et il est venu à, travers deux déclarations décisives.

« Si le président de la Conférence Générale avait été parfaitement sensibilisé, il aurait pu voir la situation. Mais il n’a pas compris le message que Dieu a donné. Je ne peux plus me taire. » 3
La seconde, cependant, a été un coup plus dur, comme l’a raconté Arthur Daniells lui-même, en 1928 :

« Finalement, j’ai reçu un message dans lequel elle disait : ‘Quand le président de la Conférence Générale sera converti, il saura quoi faire des messages que Dieu lui a envoyés.’. . . Ce message, me disant que je devais être converti, m’a sérieusement touché à l’époque, mais je ne l’ai pas rejeté. J’ai commencé à prier pour la conversion dont j’avais besoin afin que j’obtienne la compréhension qui semblait me faire défaut. » 4

Clarence Crisler, l’un des secrétaires d’Ellen White, a essayé de la persuader à propos des bonnes choses qu’Arthur Daniells faisait. Mais elle ne s’est pas laissée dissuader. Il en parle ainsi :

« Sœur White a évoqué la bénédiction qui viendrait sur l’œuvre en général si frère Daniells et certains de ses associés qui assument de grandes responsabilités pouvaient personnellement entrer dans les villes et agir en tant que leaders. . . .Si les frères de la Conférence Générale travaillaient pour les âmes dans les grandes villes, leurs sympathies s’élargiraient et leur esprit serait si pleinement occupé à contrecarrer les efforts de Satan pour gagner l’allégeance du monde, qu’ils perdraient de vue les divergences d’opinion insignifiantes sur des points de doctrine. » 5

Il faut reconnaitre à Arthur Daniells qu’il avait un grand respect pour Ellen White et son ministère prophétique. Bien qu’il ait été blessé, il n’a pas rejeté le témoignage, mais a plutôt commencé une sérieuse introspection. Il n’a pas non plus gardé le silence à ce sujet. Le 1er juillet 1910, il a partagé toutes les lettres d’Ellen White avec le Comité de la Conférence Générale. Ce jour-là, ils ont pris une mesure pour soulager A. G. Daniells de ses fonctions administratives pendant un temps, de telle sorte qu’il puisse se rendre à New York et tenir personnellement une campagne d’évangélisation – tout en étant encore président, mais totalement concentré sur la proclamation de l’évangile auprès des résidents de la ville.

Dans ce même comité, ils ont nommé 17 hommes qu’ils ont affectés à quatre régions géographiques pour commencer à mener activement l’évangélisation urbaine dans les grandes villes américaines. Arthur Daniells a été revigoré par son expérience à New York, à tel point qu’il écrit à Ellen et W. C. White pour leur faire part de son sentiment : il serait heureux de mettre de côté sa présidence et se concentrer sur l’évangélisation. Sa réponse l’a dissuadé d’emprunter cette voie.

« La position que vous avez acceptée correspond au plan du Seigneur, et maintenant je vous encourage avec ces mots : Allez de l’avant comme vous avez commencé, en utilisant votre position d’influence en tant que président de la Conférence Générale pour l’avancement de l’œuvre que nous sommes appelés à accomplir. « Elle a ajouté : « Les anges de Dieu seront avec vous. Rachetez le temps perdu ces neuf dernières années en poursuivant maintenant le travail dans nos villes, et le Seigneur vous bénira et vous soutiendra. »6

A. G. Daniells a été changé par cette expérience, aussi douloureuse qu’elle ait pu être. En passant du temps sur le terrain à gagner des âmes pour le Christ, il a acquis une nouvelle perspective qui a transformé la façon dont il a occupé son temps et ce sur quoi il mettrait l’emphase en tant qu’administrateur.

On pourrait tirer de nombreux enseignements de l’expérience d’Arthur Daniells, mais la vérité qui ressort le mieux est que la mission change les vies. Assurément, partager l’évangile avec les autres les amène à Jésus et les sauve pour l’éternité. Mais faire le travail missionnaire, que ce soit à l’étranger ou dans votre jardin, change les individus. Nous voyons ce qui compte vraiment pour Dieu. Ce que nous aurions pu considérer comme important pâlit lorsque nous travaillons pour lui.


  1. ArthurWhite, Ellen G. White: The Later Elmshaven Years, 1905-1915 (Washington, D.C.: Review and Herald Pub. Assn., 1982), p. 222.
  2. Ibid., p. 223.
  3. Ibid., p. 225.
  4. Ibid., pp. 224, 225.
  5. Ibid., p. 227.
  6. Ibid., p. 229.

Merle Poirier est manager des opérations pour Adventist Review.

Traduction: Patrick luciathe

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